06-03-2017_ Gymnastique. Une grande famille
LE TELEGRAMME-SPORTS
Gymnastique. Une grande famille Publié le 06 mars 2017 à 00h00Modifié le 06 mars 2017 à 07h40VICTOR LANNURIEN

Plus qu'une compétition, les championnats régionaux, c'est avant tout un rassemblement convivial et festif pour la gymnastique bretonne. L'investissement des gymnastes, mais aussi celui des organisateurs, des coachs et des parents est total. Ils ont bien garni et ont fait entendre leurs voix depuis les tribunes du complexe Provence de Brest, durant tout le week-end.
« T'es déjà coiffée ? », demande une concurrente à une autre dans les gradins. « Depuis ce matin oui, mais je vais refaire mon chignon, il faut que je le resserre », répond l'intéressée. Avant la compétition, les parents, les équipières ou les entraîneurs ajustent les coiffures, nattes, chignons, cuches et tresses sur les têtes des demoiselles, tandis que, chez les garçons, le gel est de rigueur. Maquillage léger, Straps sur les chevilles et aux poignets pour réparer les petits bobos, magnésie sur les mains pour ne pas glisser sur les agrès, colle sur les fesses pour s'assurer que le justaucorps reste en place, rien n'est laissé au hasard par les concurrents avant de se présenter devant les jurys.
« Les premières fois, on ne sait pas où regarder »
A chaque tour, l'espace réservé aux gymnastes se met à grouiller. Cinq minutes d'échauffement pour tout le monde et c'est parti pour la compétition. « Les premières fois, on ne sait pas où regarder parce que tous les gymnastes matchent en même temps, se souvient, amusé, un papa venu de la banlieue rennaise. Mais au fur à mesure, on s'y retrouve ». Caméscopes, tablettes, appareils photos et smartphones sont de sortie, tous les moyens sont bons pour immortaliser le passage de leurs protégés.
Et ce n'est pas le « KOP » pacéen qui dira le contraire, visible de loin avec les tee-shirts siglés en vert fluo « Allez Pacé ». « C'est surtout qu'on a des commandes pour filmer leur passage. Et il ne faut pas se rater, sinon on se fait engueuler », raconte l'un d'eux. « Heureusement que c'est nous qui conduisons pour rentrer, sinon on resterait ici au moindre passage manqué », plaisante un autre papa pacéen, qui aura la chance de voir sa fille concourir à domicile, le 26 mars, si elle se qualifie pour les demi-finales nationales.
Des visages aux mille émotions
Les musiques en tout genre s'enchaînent pour accompagner les passages au sol et, régulièrement, les gymnastes s'encouragent entre elles, donnant un sentiment de concurrence saine et conviviale. Swan, Carolane et Alexandra, de la légion Saint-Pierre, ont matché, le samedi, en Nationale B 14 et 15 ans et donnent de la voix, le dimanche, pour leurs camarades. « C'est pour quelles se sentent en confiance, ça nous porte, ça donne envie de réussir », expliquent-elles.
Sur la piste, certains sont stressés, certains sont détendus, puis heureux ou déçus après leurs passages. Les chutes, parfois spectaculaires, font grimacer la salle et les « oh » de compassion descendent des tribunes. Après un enchaînement manqué, les sourires de façade laissent place aux mines déconfites. Chez les plus jeunes, de chaudes larmes coulent sur les joues, mais le soutien, sans faille, des coéquipières les efface rapidement. « Il y a tout le travail effectué en amont et il y a la qualification en jeu. Mais des fois, en compet', ça ne passe pas et on est forcément déçu pour les filles », souligne Sandrine Jolivet, entraîneur à l'Espérance Chartres-de-Bretagne.
« Serre les fesses »
A la poutre, les jeunes filles inscrivent, avec une grande précision, des marques à la craie blanche, repères indispensables pour réaliser les acrobaties. Quand elles sont sur l'agrès, dans les gradins, les supporters lancent avec ardeur : « Serre ! » Lorsque leurs camarades tanguent, et manquent de tomber, « c'est pour qu'elles restent sur la poutre. « Serre », c'est pour « serre les fesses », rigolent les trois jeunes filles de la Légion.
Tout doit être maîtrisé à la perfection en gymnastique artistique, les juges ne laissant rien passer, le moindre geste parasite peut être sanctionné. Ce que confirme Elise Retho, installée à la table du jury sol durant le week-end. « Il y a un code et des règles assez strictes, on pense souvent que c'est subjectif mais chaque élément a une valeur plus ou moins élevée et il y a des exigences à respecter. Si elles font des fautes, elles perdent des points », assure la juge.
Néanmoins, le soulagement et les sourires communicatifs sont bien visibles, sur le visage des gymnastes, des coachs et des parents, à l'issue d'un passage parfaitement exécuté, ainsi qu'à la fin de la compétition.